Viens banbi, ta moman t'a fait des sandouiches à la fougère

Que cette contrée me parait desormais étrange. Et pourtant cette auberge si familère.

Que mes jeunes années d'apprenti paraissent éloignées. Et pourtant mon expérience si fragile.

Suis - je desormais un étranger ici ? Pire. Indésirable.

Il est vrai que les derniers événements, avant ma mise en hibernation forcée, ont laissés chaos dans le royaume et amertume vis à vis de la magie. Dois - je en être considéré comme responsable ?

Le roi en a décidé pour tous.

Surtout pour nous. Nous, compagnons d'infortune plus souvent que de fortune.

Nous qui avons passé tant de temps en ces murs, à préparer minutieusement chaque détail de notre plan d'aventure, afin de ne rien laisser au hasard.

Notre but était l'excellence. Nous ne nous épargnions aucune peine dans l'atteinte de cet objectif quasi divin.

Qu'en est - il aujourd'hui ? Je reviens incognito, transformé, méconnaissable. Pour une partie, de par mon accoutrement qui n'a plus rien de sa superbe, mais pour l'essentiel par le temps écoulé depuis mon exil forcé.

Temps élastique. Combien suis - je resté dans ce état de latence. Que reste t - il de mes compagnons et de ce baron qui a toujours été plus qu'un donneur d'ordre.

Ma puissance passée est - elle semblable à ces guenilles qui me servent de vêtements ?

Alors que je commençais à être absorbé par toutes ses questions existentielles, un bruit familier de choppe en train de se remplir me tire doucement vers le comptoir.

Dis autrement, j'étais en train de me taper un vieux scotch, quand je fus rappellé à la réalité par des vélléités d'alcoolisme.

D'un pas ferme, je me dirigeais ainsi vers le comptoir, quelques sous dans une main et cinq doigts dans l'autre, dans la seule intention de reboire ma première bière depuis des lustres...


... A suivre.